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Le bruit et l’odeur

J’écris ces lignes comme un antidote à la nausée. Pas sûr que ça fonctionne.

Il reste quelques minutes avant que ne soit voté le texte de la loi « Asile et immigration ». Il semble n’y avoir plus aucune limite à la dégringolade dans l’abîme. Je m’afflige, me désespère, me déssèche et me recroqueville en regardant les débats à l’assemblée nationale ; à deux doigts de vomir à chaque prise de parole venue de la droite de la Nupes. On sait, on savait, mais on voit là tomber les derniers masques qu’il restait sur les faces des pseudo-démocrates qui forment la majorité de la représentation politique française actuelle.

Derrière les masques en lambeaux, la grimace réjouie du capital rejoint le ricanement furieux de l’extrême droite, plus à son aise que jamais, hilare et satisfaite de constater son absolue victoire idéologique. Notre défaite, lamentable.

Est-il possible que ces gens-là ne représentent pas qu’eux-mêmes ? Que la xénophobie crasse et la haine immonde soit si répandue parmi mes concitoyens ? Que tant d’entre-nous n’aient comme seul réflexe face au gouffre béant du terrible futur qui s’annonce que d’y pousser celles et ceux qui s’y noient déjà ?

Le texte est voté. La honte me submerge.

Le bruit et l’odeur, de triste mémoire, signalait déjà voilà plus de trente ans l’appropriation éhontée par la droite française des thèses de l’affreux borgne. Aujourd’hui, cette odeur et ce bruit sont ceux de la fascisation avérée du débat public. Le bruit des bottes et des sirènes d’une police aux ordres. L’odeur de mort et de porcherie.