OpenOpen
Quatorze heures dix, soleil de feu. Depuis une minute, mon train pour Lille, Paris, puis Pau a démarré de la gare quasi-champêtre de Cambrai.
Je viens d’y passer trois jours en compagnie de belles personnes, partie-prenante de questions passionnantes sur nos pratiques du libre en écoles d’art et de design. Une fougasse au maroilles prévue pour le goûter, j’entame cette note sur les journées Open Open.
→ Peu coutumier de ce type de billets, je l’adresse surtout à moi-même, avec comme objectif de stabiliser quelques unes des réflexions issues de ces journées. Toute réaction est néanmoins bienvenue, par e-mail ou sur Mastodon.
#C0FFEE
Ne pas passer sous silence l’incident du premier matin : c’est une très mauvaise idée d’oublier le filtre dans une cafetière italienne. Quelques minutes sur le gaz, et soudainement, une explosion magnifique éclabousse chaque mur de la cuisine, projetant une myriade de gouttes de marc et de café mélangés. Éponges et torchons n’y ont rien fait, voilà les murs blancs maculés.
Cela n’allait pas empêcher Sandra Chamaret d’introduire avec enthousiasme les deux jours que son école allait consacrer « aux projets numériques collaboratifs libres et open source en France et en Belgique », mais ça m’aura rendu bien honteux de cette réponse fort maladroite à son hospitalité…
Openschool.art
David-Olivier Lartigaud, Martin De Bie et Olivier Bienz sont revenus sur les rencontres Openschool.art à Saint-Étienne en 2022 puis plus récemment à Issy-les-Moulineaux. Ils ont témoigné de cet espace de discussion ouvert entre enseignant⋅es du numérique dans les écoles d’art (et universités) françaises, qui permet d’aborder de nombreuses questions. À Issy ont notamment été travaillées quatre grandes thématiques : ce que l’IA fait à l’art et aux écoles ; Comment quitter Adobe ? Quels outils communs pour les écoles – ou comment partager nos ressources et nos documentations ? Penser les outils numériques par la pratique collective.
Lors de l’édition parisienne d’OpenSchool, plusieurs critiques internes ont émergé, peu reprises dans la présentation de Dol, Martin et Olivier – qui a néanmoins abordé un certain nombre des limites de l’exercice. La (faible) place faite aux étudiant⋅es, notamment, demande à être reconsidérée. De ce point de vue, une proposition forte serait d’engager une mise en commun / péréquation des ressources financières dédiées à l’évènement pour permettre la présence d’étudiant⋅es de profils et de provenances différentes, seule garante d’une diversité de pensées et de pratiques. À l’échelle d’Openschool, école ouverte ?, ce serait le moyen d’un certain ré-équilibrage entre les moyens financiers d’écoles dont on sait combien ils sont disproportionnés.
Un autre point à éclaircir au sein d’OpenSchool me semble ressortir d’un niveau insuffisant d’explicitation des postulats vis à vis de cette notion d’ouverture. Dans notre réunion subsiste trop d’implicite et de différences d’approches informulées. Faisons-nous du libre un pré-requis, un manifeste, un étant-donné ? Nous attaquons-nous au dépassement de l’open source pour aborder plus frontalement (/ pour absorber plus densément) les enjeux sociaux, culturels et politiques des communs ? Dépassons-nous la question des outils pour “communaliser” des pratiques, des projets, des ressources ? Agissons-nous comme leviers au sein de nos écoles et au delà pour proposer et valoriser les alternatives existantes et affirmer la nécessité de notre libération des paradigmes actuels – privatifs, concurrentiels et tellement toxiques ?
L’Atelier des chercheurs
Les membres de l’Atelier des chercheurs (Louis Eveillard, Sarah Garcin et Pauline Gourlet) sont revenus sur le travail au long cours mené sur do.doc et les Cahiers du studio. Travail remarquable, porté par une belle complémentarité d’approches et une grande intelligence collective [ note pour moi-même ; le code de la dernière version de do.doc, en ré-écriture complète, témoigne de l’impressionnante vista technique de Louis ]. En creux doux-amer, leur intervention signale la difficulté de financer sérieusement un projet pourtant très probant, mené dans une incroyable qualité d’écoute et de soin aux enjeux spécifiques des enseignant⋅es et des enfants utilisateur⋅ices de l’outil. Notamment, les problématiques de la maintenance et de la documentation, garantes de la pérennité du projet ne trouvent pas de perspectives de financement.
L’État a annoncé récemment le déploiement d’une stratégie d’action pour soutenir les approches innovantes du numérique dans l’éducation. Servira-t-il à financer des initiatives telles que do.doc ? Espérons-le. Doit-on craindre que cet argent n’aille à des projets de metaverses agilisants et disruptifs ? Espérons que non… (on y lit « Gagner en efficience en amplifiant et en soutenant la mutualisation » #LOL)
FA(i ?)L
Antoine Moreau a établi un historique des licences libres, copyleft vs opensource ayant mené à la création dès 2000 de la Licence Art Libre – LAL ou FAL. Dans un style un peu stallmanien – LIBERTÉ ! ÉGALITÉ !! FRATERNITÉ !!! –, il a énoncé des hypothèses qui ont fait l’objet de quelques critiques : l’inutilité (selon lui) de la transgression ou du piratage ; la nécessité supérieure de s’inscrire dans le cadre du droit ; la supposée vanité d’approches proposées par des licences juridiquement non valides / non opposables devant un tribunal.
Précurseur — en France, qui plus est — des licences libres non logicielles, le travail d’Antoine est largement à saluer. La licence Art libre fut une de mes premières rencontres avec ces questions, sitôt sorti de l’école, en 2001. Un de mes vieux disques dur doit encore conserver la trâce d’une icône soumise en tant que « logoleft » (peut-être celui-ci ?) que j’avais du soumettre via mon adresse mail @altern.org…
Les critiques d’Alice (se référant peut-être – sans la nommer – à la licence CC4r, ou aux questionnements menés depuis Constant sur la mythologie de l’auteur) n’ont pas trouvé de réponses très convaincantes. Celles d’Annick Lantenois, étonnée d’entendre ainsi désactivé le potentiel subversif de la transgression ou de la contestation des lois, non plus. De mon point de vue, l’audace juridique (aussi connu sous le nom d’illégalisme, de grand-banditisme, de piraterie sauvage, de désobéissance civile, voire de je-m’en-foutisme vaguement anar) me semble indispensable à l’avancée sur ces questions – une certaine raideur des libristes autour des questions juridiques n’étant pas étrangère à l’échec relatif des licences libres (voir Flossflop).
Les extensions du domaine de la lutte se résolvent souvent par une extension du domaine du droit. Le buen vivir équatorien, les personnalités juridiques accordées à des fleuves, à des arbres ou des forêts en sont le signe. Comme les régressions du droit signalent généralement une contraction dangereuse des libertés individuelles et collectives, il me semble majeur d’accentuer le dépassement des cadres actuels pour poursuivre l’invention de nouveaux dispositifs en mesure de réellement transformer le monde.
Pink my pad
Nicolas Sauret, chercheur post-doctorant en sciences de l’info-com à Paris 8, a présenté Pink my pad, nouvelle approche de l’usage de pads pour mettre en œuvre une écriture collaborative et la publier en ligne. Si l’outil est en développement et rejoint la longue liste d’exemples existants aux fonctionnalités relativement proches, l’analyse de l’expérience menée est riche d’enseignements.
La logique fonctionnelle de PinkMyPad est énoncée selon le paradigme fetch, convert & publish (collecter, convertir/transformer, publier) et ressemble finalement plus ou moins à un wiki doté d’une couche temps réel. Le postulat low-tech d’un tel outil reste pour moi un peu délicat à affirmer : l’utilisation de services fragiles et relativement coûteux techniquement (les pads), l’empilement technique (python, Pandoc) me semble témoigner d’une propension que nous avons tous⋅tes à préférer des technologies nouvelles et excitantes à des mécanismes plus frustes mais éprouvés. Mais comme l’énonce clairement Nicolas, au delà de l’outil lui-même, un des enjeux forts de ce type de pratique est l’engagement dans la performativité du hack.
Il est important de noter que les pads sont devenus depuis de nombreuses années un outil très central dans de nombreux contextes, du fait d’un regain d’intérêt majeur pour le recours au texte brut (plain text), que ce soit dans l’utilisation massive des langages de balisage légers (markdown, essentiellement) ou dans les espaces d’édition collaboratifs. Pensons aux nombreux outils web-to-print qui en font usage : pad2print de Luuse, Ethertoff ou Ether2html d’Open Source Publishing, Collabprint de Quentin Juhel, Octomode de Varia, Libreto de Pierre Tandille…
PinkMyPad s’inscrit dans le champ très actif des explorations techniques et pratiques que produit le champ des humanités numériques en contexte universitaire autour des « écritures numériques » et des communs. Dans ma propre sphère attentionnelle, je repère les nombreux liens entre Nicolas et Antoine Fauchié, Arthur Perret, Sylvia Fredriksson ou Louis-Olivier Brassard , mais également Marcello Vitali-Rosati et les énergies canadiennes autour de ces questions.
2print
De mois en mois, le dispositif de la bibliothèque 2print s’affirme comme un remarquable outil de mise en visibilité de la diversité et de la vitalité des pratiques web-to-print. L’énergie et la complémentarité du duo Lucile Haute / Quentin Juhel fait merveille pour parcourir et présenter les ouvrages de la bibliothèque.
Si le dispositif est finalement d’une mobilité relative (hormis en y associant le van de l’université de Nîmes – qu’elle en soit remerciée) et la monstration des ouvrages (encapsulés sous plexiglas) un peu frustrante, les perspectives de développement signalées par Lucile sont tout à fait enthousiasmantes : la production d’entretiens et de vidéos avec les designers et auteur⋅ices des ouvrages, tout comme le catalogage complet et précis du fonds affirme toute la générosité de l’entreprise. Un immense merci à tous les deux (+ Antoine Lefebvre) pour la vitalité déployée – et pour réaliser les rêves que je n’ai pas l’énergie d’accomplir moi-même.
PageTypeToPrint
Soyons brefs. J’ai l’impression qu’il m’a été difficile de présenter correctement les enjeux de l’outil. Hésitant entre une tentative de démonstration de la simplicité (?) de son fonctionnement technique et son inscription dans une démarche pédagogique d’appropriation progressive des outils web-to-print, je ne suis pas sûr d’avoir pleinement réussi à exposer clairement ma position. L’absence totale de mention du projet Radical webdesign (mise en commentaire malencontreuse d’une slide) reste une déception certaine / un fail colossal. Les slides sont en ligne, leur code source également.
Improvisation musicale algorithmique
Double Raphaël (Raphaël Forment & Raphaël Bastide — Raphaël² ?) ont présenté leurs approches du Live Coding, situant leurs pratiques dans la foisonnante relation qu’entretiennent les pratiques du code et celles de la musique improvisée ou expérimentale. De Iannis Xenakis aux tentations du skeuomorphisme, d’Orca à Tidal Cycles et à leurs propres outils Sardine et Été, ils ont parcouru avec érudition et enthousiasme ce domaine fou que sont les pratiques de la performance musicale algorithmique.
Comme j’étais en pleine descente de tension/déception de ma précédente présentation, j’ai loupé plein de trucs, mais leurs slides sont en ligne, avec plein de liens, d’images et de détails pour creuser la question.
Windows 93
Pierre Erick Lefebvre, aka Jankenpopp, hacker, musicien et performer, est l’auteur (avec Zombectro) de Windows 93, hommage pastiche parodique foutraque et délirant aux interfaces Windows des années 90, et système d’exploitation en ligne étonnamment fonctionnel.
Adossé à une communauté d’utilisateur⋅ices exigeant⋅es, la démarche très punk des deux artistes explore (et maintient vivant) un large pan d’un imaginaire collectif numérique, dont on pourrait craindre qu’il soit en voie de disparition, mais dont de nombreux artistes et amateurs poursuivent l’exploration passionnée. Dans un cours de cultures numériques à l’ÉSAD Pyrénées – Folklore de la zone mondiale –, je me faisais l’écho de quelques unes des perspectives liées à cette revivification des pratiques numériques contemporaines par l’exploration historique.
Le projet, lancé en 2014, reste très populaire et a provoqué (ou accompagné, ou suivi, je ne sais pas trop) l’émergence de nombreux projets similaires (mais moins bien, hein :).
Dax, un retard de quinze minutes est annoncé.
Ce voyage de retour est bien long, et si l’écriture de ce billet l’aura largement accompagné, je fatigue un peu… Je remets à demain, plus tard ou jamais, le parcours du programme du deuxième jour d’Open Open.
Avant de clore, signalons que cette première journée s’est poursuivie par trois concerts (Raphaël + Jankenpopp + Raphaël) accompagnés de moult frites, bières, suze & gin tonic, dans une école en fête ; belle ambiance qui ne fut pas la moindre des qualités de l’évènement.
Poursuite
J’hésitais, mais la perspective de l’intensité des semaines à venir ne me laisse pas grand choix. Si je dois poursuivre ce billet et stabiliser mes impressions, c’est maintenant ou jamais. Poursuivons.
Réveil matinal, mais pas d’accident de café à déplorer. En route pour les ateliers du matin (Our Collaborative Tools avec l’équipe du Random(lab), David-Olivier Lartigaud, Cléa Di Fabio, Damien Baïs et Jérémie Nuel ; ScanPi avec Bérénice Serra, Marion Édouard, Lothy Xiberras et Lucas Gigon de l’Ésam Caen/Cherbourg ; Mécalligraphie avec Coline Houot de l’Ésad Valence ; Machine à graver les ciels et les fonds avec Ida Ferrand et les étudiant·es de l’esä Dunkerque ; Chantier Collectif avec Vinciane Daheron). Et PageTypeToPrint, donc.
L’atelier réunissait quelques étudiant·es de Cambrai et de Valence et s’est déroulé dans l’agréable brouhaha produit par la présence de Yann Trividic, Julie Blanc, Martin Lemaire et Zeste Le Reste, tous⋅tes déjà fort versés dans les choses du web-to-print. Ce temps m’aura permis de valider l’hypothèse de la relative simplicité de la mise en œuvre de l’outil, mais aussi de soulever de nouveaux enjeux quand à la facilité de son extension et de sa modification. Une re-factorisation des feuilles de styles semble indispensable ; accompagnée peut-être d’une forme de modularisation de la mise en forme graphique (système de thème) et d’un découplage des strictes logiques fonctionnelles d’avec les décisions formelles.
Avoid Software
Un projet trop cool de Sarah Garcin, Quentin Juhel et Emma Sizun, avec la participation de Manetta Berends, Bonjour Monde et Jeanne Saliou. Comme il est dit, « Avoid Software est un fanzine geekos-punkos-utilos proposant des méthodes, scripts, hacks libres et open-source utiles à tout artiste, designer ou étudiant·e en école d’art et de design. Comment se passer des logiciels et utiliser des scripts pour toute action numérique ? Convertir des formats de fichiers, compresser un pdf, modifier des images, renommer des fichiers… Il présente également des programmes plus complexes et expérimentaux imaginés par des designers graphiques geekos et libristes. »
Je n’ai pas (encore) contribué… /o\
CYBER_Cave
L’intervention de Lionel Broye et de Gaël Goutard de l’ÉSAD Orléans était sous-titrée « une expérience ouverte en milieu fermé ». Certes. Leur communication fut l’occasion d’un certain bruissement – parfois réprobatif – dans l’assistance.
Le projet CYBER_Cave, un « tiers-lieu métavers », répondait à un appel à projet CULTURE PRO du ministère de la Culture. Ce fut sans doute le premier moment de flottement ; l’approche assumée d’une réponse qui « cochait les cases » des buzzwords à la mode faisant grincer quelques dents. Le positionnement de l’ÉSAD Orléans sur les enjeux numériques contemporains est à cet endroit assez révélateur : l’exploration de la blockchain, des crypto, des NFT, l’investissement des espaces publicitaires panneaux d’affichage urbains, des métavers, de l’IA, de l’internet des objets, etc. ne se fait sans doute pas sans mise en perspective critique, mais témoigne d’un enthousiasme technologique dont les positionnements politiques me laissent parfois dubitatif (sans doute par ignorance).
S’inscrivant dans l’espace fermé de Meta Quest – la filiale VR de Meta/Facebook – le projet de réalité virtuelle consiste en un ensemble d’expériences interactives vécues dans un monde persistent. La mise en œuvre a impliqué une équipe d’artistes et de développeurs qui ont exploré des modalités d’interaction au sein de ces espaces tridimensionnels virtuels : modelage d’objets, peinture collective, actions en langue des signes… Le projet a requis des développements d’une très haute technicité et a permis à l’équipe d’expérimenter de nombreuses problématiques liées à la VR : scan 3D, shaders, persistence… L’ensemble des productions est accessible sur github (sans licence – sans doute un oubli, mais souvenons-nous que “If a repository has no license, then all rights are reserved and it is not Open Source or Free. You cannot modify or redistribute this code without explicit permission from the copyright holder”). L’intervention d’artistes et de designers dans des espaces aussi fermés conceptuellement, et soumis politiquement aux logiques d’entreprises dont la toxicité est parfaitement connue, me laisse toujours un sentiment un peu amer.
Amertume augmentée par le fait que ce projet est financé par des fonds publics dont je me désole que leur attribution soit aussi tributaire de tendances technologiques délétères ou de décisions politiques atterrantes (DICRéAM vs Jean-Miche Jarre).
Gaël Goutard a conclu avec une grande honnêteté sur les paradoxes de l’expérience, alertant sur les limites de l’exigence de « pureté morale » et arguant des intérêts de l’expérience du hack et de la liberté de l’exploration technique.
Tangible Cloud
Alexandre Leray et Romain Marula (Luuse et OSP, dans le désordre) sont revenus sur Tangible Cloud, une expérience collective menée à Bruxelles en 2022 qui a réuni des artistes, designers, philosophes, économistes, etc. pour « imaginer, à travers des pratiques artistiques, des contre-récits à la vision dominante du numérique : le “cloud computing” ».
Avec poésie, loufoquerie, sérieux, humilité et densité, iels ont questionné la mythologie des nuages, la matérialité de nos environnements virtuels, l’intimité de nos données, restituant le tout dans une exposition, un jeu de tarots et une publication (à venir, nous dit-on).
Learning matters
Le duo Marion Voillot – Claire Eliot, toutes deux designers-chercheures, a présenté un travail mené en commun autour des interfaces tangibles pour les plus-petits. Learning Matters est un dispositif de découverte de la conductivité électrique par la manipulation d’objets, notamment textiles.
Le projet est mené dans une démarche de recherche–création très sérieuse, sourcée et référencée, inscrite dans les enjeux importants du design / numérique à destination de la petite enfance, mais me laisse sur ma faim quand à l’intérêt pédagogique et à la réalité de l’ouverture du dispositif final. Bien qu’open source, il me semble en effet particulièrement complexe à reproduire et très peu low-tech.
Écrivant ces mots, repensant à mon sentiment vis à vis de la CYBER_Cave, je me donne l’impression d’un vieux réac luddite – ce que je suis peut-être.
TOP 10 CRAZY HACKS THAT ACTUALLY WORKS!!!
Sous ce titre-figure de style aimablement racoleur, Vinciane Daheron, Marion Lissarrague, Théo Hennequin et Laurent Mbaah ont réuni leurs productions graphiques et textuelles dans un fanzine foutraque et bricolé autour de tutoriels d’auto-défense numérique collective, de réappropriation de nos espaces numériques, cherchant à dépasser et subvertir les mécanismes de la surveillance algorithmique.
Iels s’inscrivent sans vergogne dans les perspective de la « classe hacker » décrite par McKenzie Wark dans A Hacker Manifesto : We are the hackers of abstraction. We produce new concepts, new perceptions, new sensations, hacked out of raw data. Whatever code we hack, be it programming language, poetic language, math or music, curves or colorings, we are the abstracters of new worlds.
Braconnant dans les pratiques et les esthétiques, jouant des espaces numériques et relationnels, leur positionnement s’affirme avec une certaine fluidité (pas exempte d’un brin de morgue et d’arrogance), fréquente dans une génération de digital natives informée et consciente des enjeux, parfois un peu résignée et fuyante, mais souvent radicale et volontaire, confiante dans les perspectives d’organisation collective.
Leur intervention fut une belle conclusion à ces deux jours intenses d’échanges dont on aurait pu craindre une certaine unicité de ton, mais qui bien au contraire a permis de croiser des positionnements et des pratiques suffisamment variées voire divergentes pour qu’on puisse en repartir nourri⋅es de questions et d’énergie.
</openopen>
La mienne s’épuise, et je met là le point final à ce long billet, non sans remercier chaleureusement celles et ceux qui ont participé et sont intervenu⋅es ; Caroline Tron-Carroz, Keyvane Alinaghi et Tomek Jarolin, les trois coordinateur⋅ices des journées ; Sandra Chamaret pour son énergie, son accueil et sa générosité ; et toute l’équipe de l’ÉSAC, étudiant⋅es, administratif⋅ves et enseignant⋅es pour l’énergie déployée.