L’atelier numérique de la fin du monde
Dans le désordre : Estelle, Zoé, Sara, Robin, Marine, Sébastien, Céline, Pauline, Fanny, Leslie, Chloé, Amélie, Juba. Treize étudiant⋅es, deux enseignants (Vincent et moi) et Philippe de Jonckheere, pour une semaine de rêves et de guerre. Ce que nous avons fait pendant cette semaine est toujours en ligne ici et là.
Je ne sais plus qui – Philippe, sans doute (bien sûr) – avait formulé les choses ainsi :
Dans un intervalle de temps réduit, une semaine, créer un ou deux sites internet dont l'animateur de l’atelier définira avec le groupe une agrégation. Cette agrégation constituera l'archive du travail réalisé pendant l'atelier d'une semaine et permettra à chacun de s'y retrouver, d'y rechercher des méthodes de travail, des extraits de code et des archives. Cette agrégation et les sites qu’elle contient resteront ouverts à la réactualisation des participants.
Il n’y a pas de prérequis technique spécifique.
Liste des idées de site parmi lesquelles les participants doivent choisir leurs exercices de style :
- Un site qui ne pèserait qu’un mega-octet.
- Un site qui ne comporte que des images et pas de texte.
- Un site sans aucune image.
- Un site qui tient en une seule page.
- Un site qui contient deux ou plusieurs sites contenus dans des cadres ou des iframes distincts.
- Un site de dispersion de canulars.
- Un site de détournement d’un site connu.
- Un blog dans lequel chaque intervenant ne blogue qu’une seule fois.
- Un site qui s’auto-détruit progressivement.
- Un site qui n’apparaît que par intermittence (une manière de photo de minuit de Catherine de Trogoff, mais dont la photo ne serait visible que cinq-six minutes aux alentours de minuit.)
- un site d’archives de mails.
- Un site qui ne serait que la documentation de sa construction.
- Un site qui ne contiendrait que du son, avec des consignes orales pour passer aux pages suivantes.
- Un site sans pages index (dans aucun répertoire).
- Un site entièrement constitué de copies d’écran (et avec des comportements aberrants quand le visiteur cliquerait sur des parties de l’écran, comme de fermer une fenêtre au lieu de l’ouvrir, etc...)
- Un blog post ou antidaté.
- Un blog qui serait fait de notes manuscrites.
- Un site qui serait le cheminement dans un tableau.
- Une nouvelle ou un roman hypertexte.
- Un blog d’une image par jour, ou d’un son par jour, ou d’une vidéo par jour, ou d’un dessin par jour, pas de texte.
- une page aux dimensions gigantesques (de la bande dessinées quasi infinie).
- un site de récit interactif, façon le Hasard de Kristof Kieslowski ou Smoking-non smoking d’Alain Resnais, mais dans lequel une décision dans un sens ou dans l’autre condamnerait l’accès aux pages faisant suite à l’option qui n’a pas été choisie.
- Un site de mise en abyme.
- Un site véhiculant une fausse identité qui s’acharnerait à dire du mal du site de sa véritable identité.
- Un site avec des films dont on mélangerait les sous-titres.
- Un site de petites annonces.
- Un site dont on ne dévoile le contenu que dans dix ans.
- Un site mode d’emploi.
- Un site de vidéos réalisées à partir de jeux électroniques (une histoire d’amour réalisée avec un jeu de baston et de combat).
- Un site qui donnerait le code que le visiteur devrait copier et coller dans un fichier de bloc-notes puis l’enregistrer au format html pour le lire dans ce format.
- Un site qui reprend tous ces sites (l’agrégation des sites).
Relire ces hypothèses, me dire qu’encore aujourd’hui, elles sont toutes fécondes. Avoir envie de ré-explorer chacune d’entre elles. Me mettre à imaginer ce que pourrait être un nouveau workshop, puisque la fin du monde n’a pas encore eu lieu.