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Désordonné

Un truc que j'aime bien dans la vie ? Bricoler avec un ordinateur. C’est quelque chose dont je ne me lasse pas, et auquel je pourrais consacrer beaucoup de temps et d’énergie. Être devenu enseignant, designer et développeur me semble être un ensemble de bons prétextes pour avoir cette activité de bricolage et opportunément faire semblant qu’elle n’est pas pour mon seul bon plaisir.

Le temps passe, l’heure change.

Une journée grise et tiède. 32°C en Béarn aujourd’hui. Au Sud, le ciel d’hiver et le soleil se couche. La montagne retrouve de la netteté, en ombres chinoises, presque monochrome, en deux dimensions. Une surface.

Il existe des sites web que j’admire mais que je ne lis finalement qu’assez peu.

Depuis pas loin de vingt ans, le Désordre est pour moi un des lieux les plus nécessaires et précieux du web, fondateur et essentiel dans les intuitions que j’ai sur ma manière d’appréhender le web et d’en enseigner le design. J’y ai senti l’infini potentiel de cet espace, j’y ai découvert l’immense supériorité du bricolage face aux approches prétendument rigoristes de la technique, j’y ai rencontré une intimité qui brise la surface de la pudeur, instaurant entre l’auteur et le lecteur une relation instantanée de confiance ; comme quand on accueille un inconnu à la maison et qu’on ne s’embarrasse pas d’un peu de poussière dans les coins ou d’une pile de vaisselle encore dans l’évier ; l’essentiel est ailleurs, dans la cuisine où coule le café et où chauffe la soupe, dans le garage où s’accumule et se manipule le stock de potentialités. J’y ai compris le besoin primordial d’habiter l’espace du web, bien plus que de s’y exposer.

Il m’a fallu du temps pour comprendre tout ça et pour en démarrer la mise en œuvre, mais le Désordre est là depuis le début ou pas loin ; pas tant comme modèle à suivre que comme présence rassurante que cet autre web est possible.