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Le second tour

Le second tour ?

Le premier m’a également anéanti. J’ai tellement de colère, de tristesse et d’incompréhension. Que Jadot ou Roussel se soient maintenus, que tant de monde, tant de jeunes notamment, n’aient pas voté. Mais surtout qu’une part aussi importante de la population n’ait toujours pas compris la toxicité des deux programmes politiques arrivés en tête.

Je m’étais promis, je l’ai même annoncé à de nombreuses reprises, que je n’irai pas –une troisième p*tain de fois– mettre dans l’urne un bulletin de droite pour nous préserver –chaque fois un peu moins– de l’extrême droite.

Mais plus les jours passent et moins je me sens à l’aise avec ça. Je sais que si le Pen passait, on aurait Macron en pire, mais avec comme effet supplémentaire et immédiat un déferlement de violence crasse envers les étrangers, les musulmans, les français pas assez français. Avec les flics et les fafs comme des balles partout dans les rues. Avec un niveau de violence encore plus abject dans des manifs encore plus interdites. Pareil, mais en pire.

Il y a longtemps, j’ai milité à Ras l’front. J’ai observé Toulon, Vitrolles, Orange, Marignane. Avec Macron, c’est déjà pas bien brillant, mais la culture, avec le FN ? L’éducation ? Pff.. J’ai toujours entendu “le pire n’est jamais certain”. Avec le Pen, il l’est.

Aujourd’hui, je réserve encore ma position pour ce deuxième tour. Ce que m’a fait cette élection, c’est me convaincre de la nécessité de repolitiser les espaces dans lesquels je vis. J’ai bien vu combien broyer du noir dans mon coin ou marcher les mains dans les poches dans de gentils défilés de Verdun à Clemenceau n’avait aucun intérêt. Je vais essayer de me mouiller, sans trop de compromission, j’espère, mais avec la conviction (et c’est une chose qui m’a finalement fait pleinement adhérer à la campagne de Mélenchon) qu’il est contreproductif et délétère de chercher la pureté dans un engagement politique. Oui, LFI est en tête et porte selon moi le meilleur projet (et je suis loin d’être d’accord avec tout). Mais avec les verts de gauche, avec les cocos, les anticapitalistes, avec les syndicats, les altermondialistes et les anars, va falloir se serrer les coudes plutôt que se tirer dans les pattes. Il y a largement plus de proximité entre nous que de différences fondamentales. Surtout si on se compare aux camps d’en face. Bon, en passant, si on peut finir de détruire le PS, j’suis quand-même assez d’accord 😈

Le premier enjeu est d’aller causer à ces gens qui ont pas encore compris ce qu’est Macron, ce qu’est le Pen ; ce sera long, dur et pénible. Aussi, malgré les doutes légitimes, faire campagne pour les législatives. Et fourbir des armes collectives de contestation massive pour résister au tombereau de merde qui s’apprête à se déverser sur nos vies. (J’allais écrire “des armes pacifiques” mais je pense que le recours à des actions radicales, violentes envers les lieux et les symboles du pouvoir et de l’argent, n’est pas tout à fait à exclure.)