Accent grave

Inquarto est une machine à couper les pages en huit. Un outil technique et rudimentaire, bricolé, instable et précaire, à la fois savant et idiot, maîtrisable et autonome, qui mélange, structure, déconstruit et fait s’entrechoquer textes et images.

Depuis une station de « travail », un ordinateur invisible projette sur le mur une liste d’images et de textes que l’utilisateur du dispositif peut sélectionner puis mettre en page. L’utilisateur peut vider ou remplir les pages, convoquant ainsi de nouveaux textes et images qui viennent dialoguer et se confronter au contenu initialement sélectionné. La mise en page est basée sur une grille mais laisse largement sa part à l’aléatoire. Le dispositif est équipé d’une planche à dessin, permettant d’intervenir directement dans la mise en page. À l’issue du processus, un livret unique de huit pages (in-quarto) est imprimé.

Développée à l’occasion de l’exposition Les motifs du travail de la Maison des éditions Pyrénées, le comportement de cette machine a évolué lors des trois semaines de la présence de l’équipe dans la petite galerie du Bel Ordinaire. Elle en a reçu les traces et matériaux (photos, textes, dessins) produits ou récoltés.

Le programme est publié sous licence libre: github.com/maisondeseditions/in-quarto

2013 – Impression à la demande

Un ivérn (un hiver) est un texte de Bernard Manciet, écrit parallèlement en occitan et en français. Il dessine l’errance de deux individus à l’orée du monde, s’égarant dans sa marge, sous les ombres humides des pins et dans l’écume glacée de l’océan.

Au dos des pages blanches de ce récit brillant et implacable, s’entrechoquent des images noires : documents photographiques – vagues, nuages, arbres – mais aussi traces effacées, signes confus de vies précaires et animales. Ces images se combinent selon des structures similaires à l’écriture de Manciet, phrases courtes, denses et claires, mots lourds et agiles qui coulent ou qui râpent.

Le programme qui détermine la mise en page alterne les sources, la couleur, les échelles, laisse la place aux accidents, aux recouvrements, poursuit des logiques obscures et vagabondes et produit des objets édités dont la mise en page comme le contenu visuels sont uniques, à la fois semblables et toujours renouvelés.

2014 – Édition RISO de 12 exemplaires

Sur un mur, des images vidéoprojetées se dissolvent et se mélangent. Elles sont associées à des bribes de texte qui débutent par les mots « la nuit je rêve ».

Un numéro de téléphone permet de dialoguer avec l’ordinateur responsable de cette vidéo-projection. L’échange de SMS avec le programme permet au visiteur de proposer son propre rêve, ou son rêve de rêve. Reçu par le programme, le texte de ce rêve est traduit, déconstruit, analysé sémantiquement, puis donne lieu à une recherche en ligne d’images répondant aux notions extraites. Le processus de médiation qu’opère le programme convoque des lapsus, des erreurs, des collusions, des égarements dans des champs parfois éloignés de l’univers du rêve, mais dont la connexion avec lui peut toujours avoir lieu.

Ces images, publiées librement en ligne proviennent à la fois de banques d’images historiques ou géographiques, mais également de l’immensité des réseaux sociaux numériques de partage d’images (tumblr, instagram). Le programme les convoque une à une, mais peut aussi les mélanger, les métisser jusque dans le code même des fichiers numériques.

Le rêve du visiteur se retrouve alors traduit et accompagné par des images rêvées par d’autres que lui, baigné dans l’éclairage (ou dans l’ombre) du sens que ces images viennent projeter sur son propre texte. L’inconscient du réseau flotte entre deux eaux.

2014 – Vidéprojection, serveur web

Eyetunes est le fruit d’une collaboration entre Monoquini, la Maison des éditions, accès)s( et le Bel Ordinaire. Il fut présenté pour la première fois dans le cadre d’écoutez voir !, exposition de design graphique au Bel Ordinaire du 15 avril au 27 juin 2015.

Eyetunes, en référence à un populaire lecteur de média, pourrait se traduire par Musiques pour l’œil. Il s’agit d’une sorte de Scopitone de l’ère numérique, soit un juke-box vidéo proposant aux visiteurs une sélection internationale de 36 clips réalisés par des artistes et des graphistes contemporains.

Produits pour l’essentiel par ordinateur, ces courts films d’animation empruntent la voie de l’épure, de l’abstraction, de la géométrie et du rythme visuel pour atteindre la synchronisation parfaite du son et de l’image, dans la longue lignée du cinéma graphique expérimental du siècle passé. Contemplatives ou extatiques, minimales ou chatoyantes, ces partitions visuelles puisent dans le vaste répertoire des musiques électroniques actuelles, offrant une variété de tonalités et d’ambiances.

Eyetunes est une programmation de Bertrand Grimault / monoquini co-produite avec accès(s) cultures électroniques, le Bel Ordinaire et la Maison des éditions.

Le dispositif scénographique a été initialement conçu et réalisé par Christophe Clottes, Julien Bidoret & Guillaume Batista Pina (design, construction et développement). Le code source d’eyetunes est diffusé sous licence libre, disponible sur github.

2014 – Vidéprojection, table tactile DIY, application node.js